Définition des règles de ligature automatique

Lorsque la fonction de ligature automatique est active, le positionnement des ligatures dépend des trois propriétés baseMoment, beatStructure et beamExceptions. Les valeurs par défaut de ces variables peuvent s’adapter, comme indiqué ci-après, ou bien carrément être modifiées –see Métrique.

Dès lors qu’une règle affectant beamExceptions est définie pour la métrique en vigueur, c’est cette règle qui servira à déterminer le placement des ligatures, ignorant les valeurs de baseMoment et beatStructure.

En l’absence de règle affectant beamExceptions pour la métrique en vigueur, les ligatures seront déterminées par les réglages conjoints de baseMoment et beatStructure.

Ligature basée sur baseMoment et beatStructure

beamExceptions dispose par défaut de règles pour les métriques les plus courantes ; il est donc impératif de les invalider pour gérer les ligatures automatiques à l’aide de baseMoment et beatStructure. Les règles de beamExceptions se désactivent par un

\set Timing.beamExceptions = #'()

Lorsque beamExceptions est défini à #'(), que ce soit explicitement ou en raison de l’absence de règles par défaut de beamExceptions pour la métrique en vigueur, la terminaison des ligatures est directement liée à la pulsation telle que spécifiée par les propriétés baseMoment et beatStructure. La propriété beatStructure est constituée d’une liste d’éléments Scheme qui définit la longueur de chaque pulsation, prenant baseMoment comme unité. L’unité de base (le baseMoment) correspond par défaut à l’inverse du dénominateur de la métrique. D’autre part, chaque unité de baseMoment constitue par défaut une seule pulsation.

Notez bien la présence de valeurs distinctes de beatStructure et baseMoment pour chaque métrique. Toute modification de ces variables ne s’applique qu’à la métrique alors en vigueur, raison pour laquelle elles doivent se placer à la suite de la commande \time qui entame un fragment ayant une nouvelle métrique, non au préalable. Les nouvelles valeurs affectées à une métrique particulière resteront en vigueur et ré-instaurées si cette métrique réapparaît plus tard.

\relative c'' {
  \time 5/16
  c16^"default" c c c c |
  % beamExceptions are unlikely to be defined for 5/16 time,
  % but let's disable them anyway to be sure
  \set Timing.beamExceptions = #'()
  \set Timing.beatStructure = 2,3
  c16^"(2+3)" c c c c |
  \set Timing.beatStructure = 3,2
  c16^"(3+2)" c c c c |
}

[image of music]

\relative {
  \time 4/4
  a'8^"default" a a a a a a a
  % Disable beamExceptions because they are definitely
  % defined for 4/4 time
  \set Timing.beamExceptions = #'()
  \set Timing.baseMoment = \musicLength 4
  \set Timing.beatStructure = 1,1,1,1
  a8^"changed" a a a a a a a
}

[image of music]

Les effets de règles de ligature peuvent être restreints à un contexte particulier. En l’absence de règle particulière déterminée dans un contexte de niveau inférieur, les règles définies au niveau directement supérieur s’appliqueront.

\new Staff {
  \time 7/8
  % No need to disable beamExceptions
  % as they are not defined for 7/8 time
  \set Staff.beatStructure = 2,3,2
  <<
    \new Voice = one {
      \relative {
        a'8 a a a a a a
      }
    }
    \new Voice = two {
      \relative {
        \voiceTwo
        \set Voice.beatStructure = 1,3,3
        f'8 f f f f f f
      }
    }
  >>
}

[image of music]

Lorsque plusieurs voix cohabitent sur une même portée et que les règles de ligature doivent s’appliquer sans distinction, il faut spécifier que ces règles affectent le contexte Staff :

\time 7/8
% rhythm 3-1-1-2
% Change applied to Voice by default --  does not work correctly
% Because of auto-generated voices, all beating will
% be at baseMoment (1 . 8)
\set beatStructure = 3,1,1,2
<< \relative {a'8 a a a16 a a a a8 a} \\ \relative {f'4. f8 f f f} >>

% Works correctly with context Staff specified
\set Staff.beatStructure = 3,1,1,2
<< \relative {a'8 a a a16 a a a a8 a} \\ \relative {f'4. f8 f f f} >>

[image of music]

Vous pouvez ajuster la valeur de baseMoment afin d’obtenir des ligatures selon vos besoin. Notez cependant que la valeur de beatStructure devra être en corrélation avec cette nouvelle valeur de baseMoment.

\time 5/8
% No need to disable beamExceptions
% as they are not defined for 5/8 time
\set Timing.baseMoment = \musicLength 16
\set Timing.beatStructure = 7,3
\repeat unfold 10 { a'16 }

[image of music]

baseMoment constitue un moment, autrement dit une unité de durée musicale. Pour plus de précisions sur la quantité de type « moment », see Gestion du temps.

La pulsation – baseMoment en anglais – découle directement de la métrique telle que définie par la commande \time. Elle est par défaut égale à un sur le dénominateur de la métrique. Les exceptions à cette règle par défaut sont répertoriées dans le fichier scm/time-signature-settings.scm. Pour savoir comment jouer avec la valeur de baseMoment selon la métrique, reportez vous au chapitre Métrique.

Les règles de ligature et de subdivision spécifiques sont enregistrées dans la propriété beamExceptions. Ses valeurs par défaut, rangées par métrique et type de règle, sont répertoriées dans le fichier scm/time-signature-settings.scm.

Ligature basée sur beamExceptions

Les règles spécifiques autres que celles concernant la terminaison des ligatures sont gérées par la propriété beamExceptions.

\relative c'' {
  \time 3/16
  \set Timing.beatStructure = 2,1
  \set Timing.beamExceptions =
    \beamExceptions { 32[ 32] 32[ 32] 32[ 32] }
  c16 c c |
  \repeat unfold 6 { c32 } |
}

[image of music]

Note : La propriété beamExceptions doit répertorier absolument toutes les exceptions. Il n’est en effet pas possible d’en ajouter, modifier ou supprimer a posteriori. Cela peut paraître fastidieux, mais toutes les règles de ligature devraient être appréciées avant de les spécifier.

Lorsqu’intervient un changement de métrique, les valeurs par défaut de Timing.baseMoment, Timing.beatStructure et Timing.beamExceptions sont réinitialisées. Il suffit donc, pour revenir aux règles de ligature par défaut d’un contexte Timing, de spécifier à nouveau la métrique.

\relative a' {
  \time 6/8
  \repeat unfold 6 { a8 }
  % group (4 + 2)
  \set Timing.beatStructure = 4,2
  \repeat unfold 6 { a8 }
  % go back to default behavior
  \time 6/8
  \repeat unfold 6 { a8 }
}

[image of music]

Les règles de ligature automatique par défaut sont répertoriées, par métrique, dans le fichier scm/time-signature-settings.scm. Les manières de déroger à ce comportement sont abordées au chapitre Métrique.

De nombreuses règles de ligature automatique comportent une clé beamExceptions. Par exemple, s’il n’y a que des croches dans une mesure à 4/4, celles-ci seront réparties en deux groupes. Le fait de ne pas réinitialiser beamExceptions lors d’un aménagement de la pulsation – l’élément beatStructure – empêchera l’application de cette dérogation.

\time 4/4
\set Timing.baseMoment = \musicLength 8
\set Timing.beatStructure = 3,3,2
% This won't beam (3 3 2) because of beamExceptions
\repeat unfold 8 {c''8} |
% This will beam (3 3 2) because we clear beamExceptions
\set Timing.beamExceptions = #'()
\repeat unfold 8 {c''8}

[image of music]

De la même manière, les croches d’une mesure à 3/4 sont ligaturées sur la mesure par défaut. Ligaturer sur le temps requiert un appel à beamExceptions.

\time 3/4
% by default we beam in (6) due to beamExceptions
\repeat unfold 6 {a'8} |
% This will beam (1 1 1) due to default baseMoment and beatStructure
\set Timing.beamExceptions = #'()
\repeat unfold 6 {a'8}

[image of music]

Certaines partitions des périodes romantique ou classique font apparaître des ligatures sur la moitié d’une mesure à 3/4 (ou à 3/8), ce qui va à l’encontre de la règle établie – comme le fait remarquer Gould à la page 153 de son ouvrage – puisque donne l’impression d’une mesure à 6/8. Il en va de même pour une mesure à 3/8. La reproduction d’un tel comportement se contrôle à l’aide de la propriété de contexte beamHalfMeasure, qui d’ailleurs ne sera effective que lorsque le numérateur de la métrique est un 3.

\relative a' {
  \time 3/4
  r4. a8 a a |
  \set Timing.beamHalfMeasure = ##f
  r4. a8 a a |
}

[image of music]

Principes de la ligature automatique

Lorsqu’elle est activée, la gestion automatisée des ligatures est directement liée aux propriétés baseMoment, beatStructure et beamExceptions.

Les règles déterminant le positionnement des ligatures automatiques s’appliquent dans l’ordre suivant de priorité :

Le type de ligature correspond à la durée la plus courte dans le groupe.

Les règles de ligature par défaut sont répertoriées dans le fichier scm/time-signature-settings.scm.

Morceaux choisis

Subdivision des ligatures

Les ligatures d’une succession de notes de durée inférieure à la double croche ne sont pas subdivisées par défaut. Autrement dit, tous les traits de ligature (deux ou plus) seront continus. Ce comportement peut être modifié afin de diviser la ligature en sous-groupes grâce à la propriété subdivideBeams. Lorsqu’elle est activée, un certain nombre de traits de ligature entre deux hampes est supprimé à des intervalles correspondant à la durée de sous-groupe souhaitée.

Les propriétés minimumBeamSubdivisionInterval et maximumBeamSubdivisionInterval permettent de configurer les limites de la subdivision automatique des ligatures : l’intervalle rythmique minimum auquel subdiviser et le nombre de tronçons supprimés selon cet intervalle. Lorsque le nombre fourni à maximumBeamSubdivisionInterval n’est pas une puissance de 2, la plus petite durée pour subdiviser sera de maximumBeamSubdivisionInterval divisé par une puissance de 2 tout en restant supérieur ou égal à minimumBeamSubdivisionInterval. Dès lors que maximumBeamSubdivisionInterval est inférieur à minimumBeamSubdivisionInterval, la profondeur de subdivision se limite à maximumBeamSubdivisionInterval mais pas la fréquence ou l’intervalle, ce qui peut dévier de la valeur métrique à laquelle on est en droit de s’attendre.

Lorsque la propriété respectIncompletBeams est activée, la profondeur de la subdivision (le nombre de traits de ligature) correspond à la durée la plus longue de sous-groupe possible à partir de la hampe considérée. Les deux dernières hampes de la ligature sont toutefois exclues de cette règle.

\relative c'' {
  c32[ c c c c c c c]

  \set subdivideBeams = ##t
  c32[ c c c c c c c]

  % Set minimum beam subdivision interval to 1/8 just for this beam
  \once \set minimumBeamSubdivisionInterval = \musicLength 8
  c32[ c c c c c c c]

  % Set maximum beam subdivision interval to 1/16 just for this beam
  \once \set maximumBeamSubdivisionInterval = \musicLength 16
  c32[ c c c c c c c]

  % Set maximum beam subdivision interval to 3/8 just for this beam
  \once \set maximumBeamSubdivisionInterval = \musicLength 8*3
  [ \repeat unfold 16 c64 ] r2.

  % Set maximum beam subdivision interval to 1/64 to limit subdivision depth,
  % despite not being metrically correct
  \once \set minimumBeamSubdivisionInterval = \musicLength 32
  \once \set maximumBeamSubdivisionInterval = \musicLength 64
  [ \repeat unfold 32 c128 ] r2.

  % Shorten beam by 1/32
  c32[ c c c c c c] r32

  % Shorten beam by 3/32
  c32[ c c c c] r16.

  % Respect the incomplete beams of the previous two examples
  \set respectIncompleteBeams = ##t
  c32[ c c c c c c] r32
  % no visual change here as last two stems are exempt from this
  % special rule
  c32[ c c c c] r16.
}

[image of music]

Ligature à la pulsation

Une sous-ligature tronquée peut pointer en direction de la pulsation à laquelle elle se rattache. Dans l’exemple suivant, la première ligature évite toute troncature (comportement par défaut), alors que la deuxième respecte rigoureusement la pulsation.

\relative c'' {
  \time 6/8
  a8. a16 a a
  \set strictBeatBeaming = ##t
  a8. a16 a a
}

[image of music]

Signes de direction, signes de sous-groupe

Les règles de ligature par mesure sont gérées par la propriété de contexte beatStructure. Ses valeurs par défaut sont répertoriées, par métrique, dans le fichier scm/time-signature-settings.scm. Elles sont modifiables grâce à la commande \set.

La fonction Scheme set-time-signature permet quant à elle de définir à la fois la métrique et la pulsation. Celle-ci prend trois arguments : le nombre de pulsations, la durée de la pulsation et le regroupement des pulsations dans la mesure. \time et set-time-signature s’appliquent tous deux au contexte Timing ; ils ne redéfiniront donc pas les valeurs de beatStructure ou baseMoment lorsqu’elles sont modifiées dans un contexte de niveau inférieur comme Voice par exemple.

Si l’on fait appel au Measure_grouping_engraver, la fonction set-time-signature créera aussi des symboles MeasureGrouping. Ces symboles aident à la lecture des œuvres modernes à la rythmique complexe. Dans l’exemple qui suit, la mesure à 9/8 est divisée en 2, 2, 2 et 3, alors que la mesure à 5/8 répond aux règles par défaut contenues dans le fichier scm/time-signature-settings.scm.

\score {
  \new Voice \relative c'' {
    \time 9/8
    g8 g d d g g a( bes g) |
    \set Timing.beatStructure = 2,2,2,3
    g8 g d d g g a( bes g) |
    \time 4,5 9/8
    g8 g d d g g a( bes g) |
    \time 5/8
    a4. g4 |
  }
  \layout {
    \context {
      \Staff
      \consists "Measure_grouping_engraver"
    }
  }
}

[image of music]

Définition de règles de ligature pour la partition

Les règles de ligature définies au niveau du contexte Score s’appliqueront à toutes les portées. Il est toutefois possible de moduler au niveau Staff ou Voice :

\relative c'' {
  \time 5/4
  % Set default beaming for all staves
  \set Score.baseMoment = \musicLength 8
  \set Score.beatStructure = 3,4,3
  <<
    \new Staff {
      c8 c c c c c c c c c
    }
    \new Staff {
      % Modify beaming for just this staff
      \set Staff.beatStructure = 6,4
      c8 c c c c c c c c c
    }
    \new Staff {
      % Inherit beaming from Score context
      <<
        {
          \voiceOne
          c8 c c c c c c c c c
        }
        % Modify beaming for this voice only
        \new Voice {
          \voiceTwo
          \set Voice.beatStructure = 6,4
          a8 a a a a a a a a a
        }
      >>
    }
  >>
}

[image of music]

Voir aussi

Manuel de notation : Métrique.

Fichiers d’initialisation : scm/time-signature-settings.scm.

Morceaux choisis : Rythme.

Référence des propriétés internes : Auto_beam_engraver, Beam, BeamForbidEvent, beam-interface.

Problèmes connus et avertissements

Si une partition se termine alors qu’une ligature automatique est restée inachevée, cette dernière ligature ne sera pas imprimée du tout. C’est également valable dans le cas d’une musique polyphonique saisie avec la syntaxe << … \\ … >>, où une voix se terminerait sans que la dernière ligature ne soit achevée. Le plus simple, en pareil cas, est de spécifier manuellement les dernières ligatures.

Le traducteur Timing est par défaut affecté au contexte Score. Définir la métrique dans une portée aura donc des effets sur les ligatures de toutes les autres. Par voie de conséquence, la définition de la métrique apparaissant dans une autre portée annulera les aménagements précédemment apportés aux règles de ligature. Il est donc préférable, pour éviter tout désagrément, de ne spécifier la métrique que dans une seule portée.

<<
  \new Staff {
    \time 3/4
    \set Timing.baseMoment = \musicLength 8
    \set Timing.beatStructure = 1,5
    \set Timing.beamExceptions = #'()
    \repeat unfold 6 { a'8 }
  }
  \new Staff {
    \repeat unfold 6 { a'8 }
  }
>>

[image of music]

Vous pouvez adapter les règles de ligature par défaut pour une métrique particulière de telle sorte que ces règles que vous aurez définies soient toujours prises en compte. La modification des règles de ligature automatiques est abordée au chapitre Métrique.

<<
  \new Staff {
    \overrideTimeSignatureSettings
      3/4               % timeSignatureFraction
      1/8               % baseMoment
      1,5               % beatStructure
      #'()		% beamExceptions
    \time 3/4
    \repeat unfold 6 { a'8 }
  }
  \new Staff {
    \time 3/4
    \repeat unfold 6 { a'8 }
  }
>>

[image of music]


GNU LilyPond – Manuel de notation v2.25.21 (branche de développement).